Étranger sans-papier : sans solution et sans droit ?

Par Alexandre GIllioen, Avocat.

209991 lectures 1re Parution: 141 commentaires 4.7  /5

Explorer : # régularisation # droits sociaux # travail illégal # vie privée et familiale

Il est inexact de croire que lorsqu’un étranger n’a pas été admis au séjour et a obtenu une obligation de quitter le territoire, il n’a plus aucun recours et son parcours se termine. Il existe toujours une solution même si elle n’est pas forcément immédiate. Le problème vient du fait que les informations données ne sont pas constructives puisque ceux qui les donnent (les sites des préfectures) n’ont pas pour intérêt de voir les étrangers sortir de la précarité administrative.

-

Si vous êtes étranger sans-papier, il y a d’abord la possibilité d’obtenir des droits sociaux notamment médicaux. La France (et c’est tout à son honneur) permet à tous de disposer de soins médicaux par le biais de l’aide médicale d’état (AME) ou de la couverture maladie universelle (CMU). Cela ne donne pas un droit au séjour pour l’étranger mais c’est toujours mieux que ne rien avoir.

Ensuite, il existe deux voies qui à terme (cinq ans) mènent à la régularisation et à une carte de séjour. Sans grande surprise, il s’agit soit du travail soit de la vie privée et familiale. Évidemment, un étranger sans-papier qui aurait passé une période de temps plus importante (entre cinq et dix ans par exemple) peut également espérer obtenir une carte de séjour en raison de sa longue présence sur le territoire français. C’est aussi possible si l’étranger sans-papier dispose de toute sa famille en France et serait isolé en cas de retour dans son pays d’origine.

Quand vous êtes étranger sans-papier (sans titre de séjour ou carte de séjour), il faut imaginer que vous avez un parcours qui vous attend. Le droit au séjour ça se gagne. Il est illusoire d’imaginer que rester sans rien faire (et surtout sans être conseiller) peut faire obtenir le titre de séjour si convoité. Les décisions de refus de titre et d‘obligations de quitter le territoire sont très nombreuses mais elles ne sont pas la fin.

La première solution possible est celle du travail. La circulaire Valls (il faut avouer que c’est paradoxal qu’elle porte son nom) du 28 novembre 2012 demande aux préfectures d’accorder un soin particulier et d’ouvrir la possibilité d’une régularisation exceptionnelle pour les étrangers sans-papier qui vivent en France depuis 5 ans et ont travaillé huit mois. La question évidente que pose tous mes clients : comment travailler sans autorisation de travail ? A priori cela semble illogique mais en fait pas tant que ça. Les autorités savent bien que de nombreux étrangers sans-papier travaillent de manière illégale et ce depuis des années. Bien qu’elles leur fassent la chasse à travers les contrôles qu’elles effectuent, il existera toujours des employeurs qui seront prêt à prendre ce risque (pour des raisons louables ou non). C’est également un risque pour l’étranger sans-papier qui est plus exposé à une obligation de quitter le territoire que celui qui se cache. Par contre, même si la circulaire ne le mentionne pas explicitement, si une demande de régularisation est faite sur ce fondement, il n’est pas censé y avoir un contrôle dans la semaine qui suit chez l’employeur.

La seconde solution est celle de la vie privée et familiale. La même circulaire permet aux étrangers en situation irrégulière d’obtenir un titre de séjour s’ils vivent en France depuis 5 ans et qu’ils ont un enfant qui est scolarisé depuis trois ans. C’est une combinaison qui permet de protéger les droits de l’enfant conformément aux jurisprudences du tribunal administratif qui a souvent pu sanctionner des décisions d’obligation de quitter le territoire qui avaient pour conséquence de déscolariser un enfant et de le renvoyer dans un pays dont il ne connaissait pas forcément la langue ni la culture au bout de trois ans. Par contre une demande faite avant les trois ans de scolarité sera rarement reçue favorablement.

Il existe d’autres considérations tels que les violences conjugales ou les motifs exceptionnels comme une situation humanitaire particulière. Mais on touche ici à des dossiers qui relèvent tellement de circonstances personnelles liées au demandeur qu’aucune généralité n’est possible.

Les solutions avancées par la circulaire sont clairement une évolution favorable pour tous les étrangers sans-papier qui veulent s’intégrer en France. Il faut cependant savoir que si elles ouvrent un droit, celui-ci est loin d’être absolu voire opposable devant le tribunal administratif.

Dans un arrêt rendu au début de l’année 2015, et après plusieurs années de débat juridique entre la cour administrative d’appel de Paris (qui voyait dans la circulaire des orientations générales opposables à la préfecture devant le tribunal) et la cour administrative de Lyon, le Conseil d’État a tranché. Il a retenu (sans grande surprise) l’interprétation restrictive de la cour administrative d’appel de Lyon.

Mais comme je l’indiquais au début de l’article, si le débat juridique est tranché, le droit des étrangers est une matière humaine qui peut évoluer vite en fonction de la situation de l’étranger. L’important donc est qu’il existe toujours une solution qui, à terme, fera en sorte que vous puissiez vivre et travailler en France avec votre famille.

Alexandre Gillioen
http://gillioen-avocat.com

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

552 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Commenter cet article

Discussions en cours :

  • par Ruth Daniella Avomo Assoumou , Le 11 août 2020 à 22:53

    Bonjour, je suis en France depuis le 13 Janvier 2017 et mon parcours scolaire n’a été qu’échec.

    J’ai fait un bts en arrivant à Frejus de janvier à mars puis la directrice m’a mise dans une classe pour faire un CAP car pour elle j’étais arrivée en retard, ne pouvant plus payer la scolarité j’ai été virée de l’établissement. J’ai postulé pour les facs de Bordeaux où j’ai été accepté en licence lettre Babel et j’ai fait deux fois la licence 1 et c’est en Mai dernier que j’ai reçu un OQTF.

    Cette année je me suis inscrite en BTS Com à distance que j’ai validé je me suis également déjà inscrite pour la deuxième année de BTS pour l’année prochaine et on m’a dit que je pouvait faire une nouvelle demande de titre de séjour avec ces éléments, d’autres disent qu’ils faut que j’obtienne mon BTS d’abord avant de faire une demande à nouveau. Je suis un peu perdue si vous pouvez m’aidez s’il vous plaît

  • je suis en France avec un visa étudiant qui expire le 7 août 2020 .
    je suis Pacsé avec ma compagne française depuis 18 mois et nous résidons ensemble .
    j aimerai effectuer la démarche pour un visa vie privée familiale avec notre PACS , mais malheureusement notre PASC n ’a pas été retranscrit par sa mairie de naissance sur son acte d’état civil ; nous avons effectués un recourt qui est toujours en attente .
    Mon visa expire le 7 Aout ; nous avons prévu nous marier le 19 septembre .
    Puis je svp avoir une prolongation de mon titre de séjour .
    merci .

    • par Lala , Le 11 août 2020 à 01:33

      Bonjour maître
      Je souhaiterai savoir si une attestation d hébergement avec tampon de la mairie en date d entré en france sans visa peut-être valable dans un dossier pour demande de carte sejour. Car cela fait depuis 2015 que je suis en france mais à par cette attestation je n est rien d autre pour l année 2015 c est a partir de 2016 que j ai commencé les démarches administratives aide medical etc puis je me suis marié les années après.la préfecture me réclame un document facture hotel etc mais je n en est pas. En vous remerciant d avance.

  • par Obanzi christelle , Le 5 août 2020 à 14:42

    Je suis en France depuis 6 ans maintenant et sans papier, car ma demande d’asile à été rejettera. Je suis maintenant mère d’un petit garçon de 2ans et demi,son père est français malgré que nous ne sommes plus ensemble.. Mais j’ai demander la carte d’identité de mon fils à la mairie de Bobigny depuis juin 2018,jusqu’à ce jours sans réponse, je ne sais pas quoi faire.

  • par Bechia Nour elle houda , Le 27 juillet 2020 à 02:29

    Salut maître j’ai mon mari qui a un mélanome d’un stade avancé et comme en Algérie il n’ya. pas de lumino- thérapie il est actuellement en France depuit novembre 2019 pour le traitement et il a des métastases donc sont état et grave et il nous manque énormément il ne peut pas rentrer à la maison vu sont état j’aimerais savoir maître comment faire pour avoir la carte de séjour pour les étrangers malades pour qu’il puisse rentrer et aller en France juste pour le traitement et es-qu’il ya une aide pour location veuillez me répondre mètre s’il vous plaît et merci d’avance.

  • par Lidya , Le 24 juillet 2020 à 13:42

    Bonjour, je suis algérienne sans papiers, je suis en France depuis 2 ans et demi, mariée à un algérien résidant en France qui lui a sa carte de séjour depuis 5 ans, on a une fille qui a un an, je suis dp’o En Algérie...mais je me retrouve femme au foyer limite dépressive avec un mari violent... et je veux divorcer et avoir mes papiers et faire ma vie simplement mais je ne sais pas comment
    Je suis dans un cercle vicieux qui n’en fini pas
    Si il y’a des solutions ou des idées je suis preneuse
    Merci

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27888 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• [Dossier] Le mécanisme de la concurrence saine au sein des équipes.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs