1.- Etat actuel du phénomène cybercriminel.
Nous assistons à une forte recrudescence de la cybercriminalité depuis quelques années, non seulement ce qui concerne les intrusions malveillantes de serveurs et systèmes informatiques, mais aussi, à une plus petite échelle, des arnaques de tout genre, ciblant parfois toute la société.
Les cyberattaques se concentrent sur les sociétés, les collectivités et les organisations de tout genre, étant en mesure de payer une rançon pécuniaire, un secteur moins technique s’en sert, de l’anonymat d’Internet pour harceler et escroquer le citoyen lambda, sur la simple base de la naïveté.
Ce type de petites arnaques suppose quelques centaines, voire quelques milliers d’euros, de petits montants souvent difficiles à tracer par les forces de l’ordre et les systèmes judiciaires.
On connaît les arnaques aux sentiments, ciblant notamment les sites de rencontre, où on fait croire à la victime, madame ou monsieur tout le monde, qu’il est possible de rencontrer l’amour chez un top-modèle.
Après quelques échanges de mise en confiance, le prétendu amoureux demande de l’argent à la victime pour régler de frais de santé ou tout autre situation urgente nécessitant un fort investissement.
Certains arrivent même à s’en servir de faux dons, de faux testaments notariés, en vertu duquel l’escroc serait le seul bénéficiaire, proposant ainsi une part du gâteau à la victime en échange d’un apport préalable. Normalement, il s’agit de faux testaments grossiers et très flagrants, peu élaborés et faciles à repérer.
La plupart de ces arnaques ont un point commun : la mise en confiance de la victime, avec un abus ultérieur de cette confiance.
Ce genre d’arnaque est connue en tant qu’arnaque à la nigériane, ou arnaque des ivoiriens, pays d’origine des cyber-escrocs, mais aussi « fraude 4-1-9 », en référence au code pénal nigérian concerné par ce genre de délits.
Ainsi, on commence à entendre parler aujourd’hui des « brouteurs », dénomination originaire de Côte d’Ivoire pour désigner toute sorte de criminels, mais depuis peu utilisé pour se référer aux cyber-escrocs, spécialisés dans les « affaires de cœur », les arnaques aux sentiments.
2.- Les différentes modalités d’arnaque sur Internet.
Mise à part l’arnaque à l’ivoirienne, les cyber-escrocs n’hésitent pas à faire appel de tout autre moyen d’approche des victimes, visant parfois de secteurs sociaux très ciblés, comme les personnes âgées, les chômeurs ou les plus démunis.
C’est les cas des fausses offres d’emploi, que l’on découvre au quotidien tant sur de sites officiels comme privés, les plus ciblés étant Pôle Emploi et Leboncoin.
Ces offres sont très variées, mais elles proposent toujours un emploi de rêve surpayé. Le plus récemment publié propose un poste de chauffeur privé de véhicule de luxe, au service de touristes fortunés, avec un contrat à durée indéterminée, charges sociales, congés payés, etc.
Le commun dénominateur de ce type d’arnaques est une avance de quelques milliers d’euros, payables par chèque volé, que la victime doit encaisser pour reverser la somme aux escrocs par une voie non traçable, normalement un bureau d’envoi d’argent.
Bien entendu, l’escroc joue avec le délai de confirmation du chèque par la banque émettrice, largement suffisant pour recevoir le remboursement en liquide et disparaitre dans la nature.
Cette modalité criminogène est tout aussi présente dans nos rues, chez les petits voyous, se servant de la naïveté d’une connaissance pour lui demander d’encaisser un chèque volé et se faire remettre la somme en liquide, prétextant un interdit bancaire.
Enfin, il y a aussi les fameux « pourriels », nous incitant à faire toute sorte de bonnes actions en échange d’une grosse somme d’argent.
Les sujets sont très hétérogènes et actualisés en permanence. La diffusion est souvent automatisée et indiscriminée. De millions d’adresses mél par envoi, ce qui fait augmenter de manière exponentielle le « retour sur investissement », le taux de "pigeons" piégés par rapport au montant investit sur le darknet sur l’achat des adresses électroniques de victimes potentielles.
3.- Les mesures de protection faces aux menaces.
Les administrations publiques ainsi que les experts en cybersécurité s’acharnent à diffuser toute sorte de bonnes pratiques, de bons conseils au quotidien, sur tout genre de support de diffusion.
Mais il n’existe qu’une seule mesure de protection efficace face à ce type de menaces : l’abstinence. Si ça semble trop beau pour être vrai, c’est que ça ne l’est pas.
L’être humain est attiré par nature pour l’argent facile, et notamment celui qu’on peut avoir sans effort. Le seul fait de se faire offrir un chèque à quatre chiffres, avant une embauche par exemple, suffit pour se méfier. L’argent ne pousse pas dans les arbres et personne n’en offre qu’en échange d’une prestation ou service équivalente et préalable. C’est ce qu’on appelle une rétribution pour service rendu.
4.- La protection juridictionnelle des victimes.
Dans la mesure où les cyber-escrocs sont basés à l’étranger dans la plupart de cas, l’administration de justice française n’est pas compétente pour les poursuivre.
Par ailleurs, une éventuelle poursuite dans leurs pays d’origine est rarement envisageable, car celle-ci nécessite impérativement de la collaboration des administrations judiciaires et policières locales.
La protection juridictionnelle est souvent absente dans ce genre d’affaire, circonstance qui vient s’ajouter à l’anonymat fournit par le web, deux conditions exploitées par les cyber-escrocs pour continuer à soutirer de l’argent aux victimes en toute impunité.
Cependant, dans le cas d’une arnaque sur le sol français, les brigades anti-fraude de la Police Nationale ainsi que de la Gendarmerie Nationale travaillent sans relâche pour traquer ces criminels. La traduction en justice des cyber-escrocs devient souvent une réalité.
La traçabilité de cette nouvelle modalité criminogène est difficile, mais le concours de plusieurs plaintes et de plusieurs victimes et témoignages permet souvent une identification formelle des escrocs, ainsi que le déclenchement d’une procédure judiciaire pénale.
Le dépôt d’une plainte auprès des autorités compétentes devient donc le tout premier réflexe à avoir en cas d’arnaque sur Internet, même au stade de tentative, faute de quoi, ce fléau ne peut que s’aggraver.
Les victimes avérées ou potentielles ont à leur disposition plusieurs types de professionnels auxquels faire appel.
Les associations d’aide aux victimes, ainsi que de nombreux experts judiciaires en écritures et documents, proposent une étude préalable gratuite de toute sorte de pièces liés aux arnaques en ligne, permettant aux victimes d’envisager la suite à donner, que ce soit au niveau bancaire ou judiciaire.
Par ailleurs, dans la mesure ou ce type d’arnaques relèvent du Code pénal, consulter un avocat est fortement conseillé, notamment lorsque la somme extorquée est importante.