I- Quelle est la définition de l’exequatur ?
L’exequatur est une décision par laquelle le juge français rend exécutoire une sentence arbitrale, une décision de justice ou un acte étranger, sur le territoire national français.
En l’absence de cette procédure, ces derniers n’auraient en principe pas force exécutoire, de sorte qu’ils ne sauraient être appliqués ni faire l’objet d’une exécution forcée en France.
La procédure d’exequatur est prévue aux dispositions des articles 509 à 509-9 du Code de procédure civile ainsi que dans les différentes conventions internationales signées et ratifiées par la France.
II- Quelle est la juridiction compétente pour connaître de la procédure d’exequatur ?
La procédure d’exequatur relève de la compétence exclusive du Tribunal Judiciaire.
La procédure est contradictoire.
Le Tribunal est saisi par voie d’assignation ou par voie de requête conjointe des parties.
Le recours à un avocat est obligatoire.
Le Tribunal Judiciaire territorialement compétent est en principe celui du lieu où demeure le défendeur.
Toutefois, l’article 42 du Code de procédure civile prévoit que si le défendeur n’a ni domicile ni résidence connus, le demandeur peut saisir la juridiction du lieu où il demeure ou encore celle de son choix s’il demeure à l’étranger.
Enfin, le recours à la traduction assermentée peut-être nécessaire.
III- Quelles sont les conditions pour engager une procédure d’exequatur ?
Il importe de distinguer selon que la décision de justice étrangère a été rendue au sein de l’Union Européenne ou non.
A- Si la décision de justice a été rendue au sein de l’Union Européenne.
Il est inutile de recourir à la procédure d’exequatur pour les décisions rendues au sein de l’Union Européenne ayant trait à l’état civil des personnes (mariage, adoption, etc.)
La reconnaissance de ces décisions est de plein droit en France et permet la transcription des décisions étrangères sur les actes d’état civil des personnes.
Dans cette hypothèse, le demandeur doit procéder par voie de requête auprès du Service Central d’État Civil de Nantes.
Par ailleurs, les décisions rendues au sein de l’Union Européenne ayant trait aux personnes et aux biens (pension alimentaire, droit de visite, tutelle, droit de garde, etc.) sont présentées au directeur de greffe du Tribunal Judiciaire compétent par le biais d’une requête aux fins de constatation de la force exécutoire.
B- Si la décision de justice a été rendue en dehors de l’Union Européenne.
Pour accorder l’exequatur en l’absence de conventions internationales à une décision de justice étrangère, le Juge français doit s’assurer que trois conditions sont remplies :
la compétence indirecte du juge étranger, fondée sur le rattachement du litige au juge saisi ;
la conformité à l’ordre public international de fond et de procédure ;
l’absence de fraude à la loi ; le juge de l’exequatur n’a donc pas à vérifier que la loi appliquée par le juge étranger est celle désignée par la règle de conflit de lois française.
Attention ! Le Juge français ne peut pas intervenir dans l’application de la loi étrangère relevant de la seule autorité judiciaire étrangère et ne peut pas non plus modifier la décision étrangère.
Ces conditions sont cumulatives, de sorte l’exequatur sera refusée si l’une des condition fait défaut.
Discussions en cours :
Maitre,
Merci pour cet article
Concernant les biens, est ce que tous les pays de l’Union Européenne sont concernés ?
Car s’agissant des régimes matrimoniaux il me semblait que l’Irlande ne bénéficiait pas des conditions d’exequatur assouplies n’ayant pas participé à l’élaboration et à l’adoption du Règlement 2016/1103 sur les régimes matrimoniaux du 24 juin 2016.
Claude AUGEY
Magistrat Honoraire
Merci pour la clarté de votre article.
Cependant, une question me vient à l’esprit. Depuis un pays hors UE, comme la Suisse par exemple, est-il possible de ne pas demander l’exequatur d‘une décision civil en France (car tout laisse à penser qu’elle serait refusée) puis d’obtenir une condamnation pénale en Suisse pour non respect de la décision civile, puis de faire appliquer cette peine en France ?
Bien à vous
Bonsoir,
C’est un peu nébuleux en l’état, il me faudrait davantage de détails pour pouvoir effectivement vous apporter une réponse.
Bien Cordialement.
Gauthier LECOCQ
Barreau de Paris
BARISEEL-LECOCQ & ASSOCIÉS AARPI INTER-BARREAUX
Excellent éclairage et très bon rappel à propos de l’Exequatur .
Je salue la Clarté, la précision et la concision.
Article parfait pour les Etudiants en Droit comme pour les Praticiens.
Votre bien dévouée
Schéhérazade Zerouala
Juge Médiateur interational
Anct Avocat au Barreau de Paris
Merci beaucoup Consœur,
Au plaisir,
Votre bien Dévoué.
Gauthier LECOCQ
Barreau de Paris
BARISEEL-LECOCQ & ASSOCIÉS AARPI INTER-BARREAUX